
Des solutions “douces”… mais génétiquement identiques
Le marcottage et la division de touffes sont souvent perçus comme des pratiques naturelles, presque instinctives, à l’opposé de l’image industrielle du clonage végétatif.
Elles rassurent le jardinier, car elles semblent respectueuses, lentes, manuelles, proches du rythme du vivant.
Et pourtant, d’un point de vue biologique et génétique, le constat est clair :
👉 marcottage et division produisent exactement le même résultat qu’un bouturage : un clone.
Le principe biologique reste identique
Marcottage
Le marcottage consiste à provoquer l’enracinement d’une branche encore reliée à la plante mère, avant de la séparer.
- Très courant chez :
- arbustes fruitiers,
- lianes,
- petits fruits,
- plantes ligneuses souples.
- Réussite élevée.
- Stress minimal pour la plante.
Mais biologiquement :
- aucun brassage génétique,
- aucune recombinaison,
- transmission stricte du même génome.
La nouvelle plante n’est pas un individu nouveau, mais une continuité de l’ancien.
Division de touffes
La division repose sur la séparation mécanique d’un système racinaire ou rhizomateux déjà structuré.
- Utilisée pour :
- vivaces,
- graminées,
- plantes ornementales,
- plantes médicinales,
- petits fruits traçants.
- Technique simple et efficace.
- Sensation de multiplication “abondante”.
Mais là encore :
- chaque fragment est génétiquement identique,
- aucune diversité nouvelle n’est créée.
Cas typiques concernés
Ces techniques sont massivement utilisées pour :
- petits fruits (framboisiers, groseilliers, cassissiers),
- arbustes à petits fruits et à fleurs,
- vivaces ornementales,
- couvre-sols,
- plantes de haies basses.
Résultat :
- un jardin peut sembler extrêmement varié visuellement,
- tout en reposant sur un nombre très limité de génotypes réels.
L’illusion de diversité
C’est ici que le piège devient subtil.
Un jardin composé de :
- dizaines d’arbustes,
- centaines de vivaces,
- multiples espèces,
peut donner une impression de richesse biologique.
Mais si ces plantes proviennent majoritairement de :
- divisions successives,
- marcottages,
- clones échangés entre jardiniers,
alors la diversité génétique réelle peut être dramatiquement faible.
👉 Diversité visuelle ≠ diversité génétique.
Deux plantes séparées de plusieurs mètres, voire de plusieurs jardins, peuvent être en réalité :
- le même individu cloné,
- exposé aux mêmes faiblesses,
- vulnérable aux mêmes stress.
Pourquoi cette illusion est dangereuse
1. Fragilité face aux maladies
Un pathogène adapté à un génotype :
- se propage rapidement,
- sans rencontrer de résistance génétique alternative.
2. Adaptation climatique inexistante
Les clones :
- ne s’adaptent pas,
- ils subissent.
Face à des changements rapides :
- sécheresse,
- excès d’eau,
- gels tardifs,
- canicules,
la capacité d’adaptation est nulle.
3. Appauvrissement silencieux du vivant cultivé
À force de “multiplier ce qui fonctionne”, on élimine :
- l’inattendu,
- le moins productif,
- le moins esthétique,
mais aussi : - le plus résilient à long terme.
Lecture OMAKEYA : réhabiliter sans idéaliser
Chez OMAKEYA, marcottage et division ne sont pas rejetés.
Ils sont recontextualisés.
Ils sont :
- excellents pour conserver,
- utiles pour transmettre,
- pertinents pour stabiliser un jardin.
Mais ils ne doivent jamais être :
- l’unique mode de reproduction,
- ni la base génétique exclusive d’un écosystème cultivé.
Un jardin vivant, au sens OMAKEYA, alterne :
- clones maîtrisés,
- semis libres,
- pollinisations croisées,
- introductions génétiques nouvelles.
Vers la suite logique de l’article
Cette réflexion conduit naturellement à une question centrale :
👉 Que devient un jardin qui ne se renouvelle plus par la graine ?
La prochaine section pourra explorer :
- la disparition du semis,
- la perte de pollinisation croisée,
- le rôle fondamental des graines dans la résilience du futur.
Citation OMAKEYA
« Ce qui se multiplie sans jamais se transformer finit toujours par s’épuiser.
La diversité n’est pas un luxe du vivant, c’est sa condition de survie. »