
Pendant longtemps, la question de la perte de diversité végétale cultivée a été reléguée au rang des préoccupations d’experts, de conservatoires botaniques ou de jardiniers “alternatifs”. Aujourd’hui, cette inquiétude n’est plus isolée. Elle émerge simultanément chez les généticiens, les écologues, les pépiniéristes indépendants, les arboriculteurs, mais aussi chez les jardiniers amateurs attentifs.
Ce qui relevait hier d’une intuition diffuse devient désormais un constat partagé : la palette végétale disponible se rétrécit, non pas en apparence, mais en profondeur génétique. Les catalogues semblent riches, les jardins colorés, mais derrière cette diversité visuelle se cache une uniformisation biologique croissante.
De la sensation personnelle à la réalité scientifique
Beaucoup expriment d’abord une impression :
“On voit toujours les mêmes plantes.”
“Les variétés se ressemblent de plus en plus.”
“Tout pousse bien… jusqu’au jour où tout lâche.”
Cette sensation n’est pas subjective. Elle est désormais étayée par la science.
Les études en génétique végétale et en agronomie montrent une diminution significative :
- du nombre de génotypes réellement cultivés,
- des lignées issues de reproduction sexuée,
- des populations locales adaptées aux terroirs.
Là où plusieurs centaines de variétés coexistaient autrefois à l’échelle d’une région, quelques dizaines – parfois moins – suffisent aujourd’hui à couvrir l’essentiel des surfaces cultivées. La diversité n’a pas disparu brutalement : elle s’est diluée, remplacée par une standardisation silencieuse.
Pourquoi cette peur « de moins en moins diffuse » est en réalité fondée
Cette inquiétude progresse parce que ses conséquences deviennent visibles :
- sensibilité accrue aux maladies émergentes,
- dépendance croissante aux intrants,
- pertes soudaines de récoltes pourtant jugées “sécurisées”,
- difficulté d’adaptation aux stress climatiques.
Sur le plan biologique, un système fondé sur peu de variantes génétiques est structurellement instable. Il fonctionne tant que les conditions restent dans une zone étroite de tolérance. Dès que cette zone est dépassée, l’effondrement est rapide et global.
La peur n’est donc pas irrationnelle. Elle est le reflet d’un déséquilibre réel entre diversité biologique et pression de sélection humaine.
Beauté, rendement, couleur : quand l’esthétique guide tout
L’un des moteurs majeurs de cette érosion est la sélection basée presque exclusivement sur :
- l’apparence visuelle,
- l’homogénéité,
- la productivité immédiate,
- la conformité aux attentes du marché.
Les plantes sont choisies pour être :
- plus colorées,
- plus compactes,
- plus rapides,
- plus “lisibles”.
Mais ces critères esthétiques et commerciaux prennent souvent le pas sur :
- la vigueur à long terme,
- la résilience,
- la diversité génétique,
- la capacité d’évolution.
En privilégiant ce qui se voit rapidement, on sacrifie ce qui se construit lentement. Le vivant devient décoratif avant d’être fonctionnel. Cette logique, appliquée à grande échelle, conduit à des systèmes végétaux beaux mais fragiles.
OMAKEYA : regarder en face ce que le vivant nous dit déjà
L’approche OMAKEYA consiste à écouter les signaux faibles du vivant, avant qu’ils ne deviennent des crises majeures.
Le végétal parle, non par des mots, mais par :
- ses adaptations,
- ses faiblesses,
- ses capacités de résilience,
- ses échecs répétés dans des systèmes trop uniformes.
Regarder en face ce que le vivant nous dit, c’est accepter que :
- la diversité n’est pas un luxe,
- l’imprévisibilité est une richesse,
- la lenteur est une force biologique.
Chez OMAKEYA, cette lucidité n’est ni alarmiste ni nostalgique. Elle est constructive. Elle invite à repenser nos choix de multiplication, de sélection et de transmission, pour cultiver non pas seulement des plantes, mais des écosystèmes capables de durer.